Douleur et gonflement autour du tendon d’Achille à l’arrière de la cheville

La douleur et le gonflement autour du tendon d’Achille à l’arrière de la cheville sont des symptômes fréquents qui touchent aussi bien les sportifs que les personnes sédentaires. Ce tendon, le plus puissant du corps humain, relie les muscles du mollet à l’os du talon et joue un rôle essentiel dans la marche, la course et le saut. Lorsqu’il est irrité, enflammé ou blessé, il peut provoquer une gêne importante, voire une incapacité à marcher normalement. Comprendre les causes, les symptômes et les traitements possibles est essentiel pour éviter les complications et favoriser une guérison complète.

Anatomie et rôle du tendon d’Achille

Le tendon d’Achille, également appelé tendon calcanéen, est une structure fibreuse épaisse située à l’arrière de la cheville. Il relie les muscles gastrocnémiens et soléaire du mollet à l’os du talon (calcanéum). Ce tendon permet la flexion plantaire du pied, c’est-à-dire le mouvement qui consiste à pousser sur la pointe des pieds. Il est sollicité à chaque pas, lors de la marche, de la montée des escaliers, de la course ou du saut. En raison de cette sollicitation constante, il est particulièrement vulnérable aux microtraumatismes, aux inflammations et aux ruptures.

Causes principales de la douleur et du gonflement autour du tendon d’Achille

La douleur et le gonflement du tendon d’Achille peuvent avoir plusieurs origines. Certaines sont liées à une surutilisation, d’autres à des traumatismes ou à des pathologies inflammatoires.

1. La tendinopathie d’Achille (ou tendinite d’Achille)
C’est la cause la plus fréquente. Elle résulte d’une inflammation ou d’une dégénérescence du tendon due à des microtraumatismes répétés. Les sportifs, notamment les coureurs, sont particulièrement exposés. Les causes incluent un entraînement excessif, un manque d’échauffement, des chaussures inadaptées ou un déséquilibre musculaire. La douleur apparaît progressivement, souvent après l’effort, et s’accompagne d’un gonflement et d’une raideur matinale.

2. La bursite rétrocalcanéenne
Il s’agit de l’inflammation de la bourse séreuse située entre le tendon d’Achille et l’os du talon. Cette petite poche de liquide sert à réduire les frottements. Lorsqu’elle s’enflamme, elle provoque un gonflement visible, une douleur à la pression et une gêne au port de chaussures serrées.

3. La rupture partielle ou complète du tendon d’Achille
Une douleur brutale, souvent décrite comme un claquement ou un coup violent à l’arrière de la cheville, peut indiquer une rupture du tendon. Cette blessure survient généralement lors d’un effort intense, comme un saut ou un sprint. Elle s’accompagne d’un gonflement rapide, d’une perte de force et d’une incapacité à se mettre sur la pointe des pieds.

4. L’insertion calcanéenne (enthésopathie d’Achille)
Cette affection touche la zone où le tendon s’attache à l’os du talon. Elle est souvent liée à une surcharge mécanique ou à une déformation osseuse (épine calcanéenne). La douleur est localisée à la base du tendon et s’aggrave à la marche.

5. Les causes mécaniques et posturales
Un mauvais alignement du pied (pied plat ou creux), une jambe plus courte que l’autre, ou des chaussures inadaptées peuvent provoquer une tension excessive sur le tendon.

6. Les causes médicamenteuses et métaboliques
Certains antibiotiques (fluoroquinolones) et traitements à base de corticoïdes peuvent fragiliser le tendon. Des maladies comme le diabète, la goutte ou l’arthrite peuvent également favoriser l’inflammation.

Symptômes associés

Les symptômes varient selon la cause et la gravité de l’atteinte, mais certains signes sont caractéristiques :

  • Douleur à l’arrière de la cheville, surtout lors de la marche ou de la course.
  • Gonflement visible ou palpation d’une bosse le long du tendon.
  • Raideur matinale, surtout au réveil.
  • Sensation de chaleur ou de brûlure dans la zone douloureuse.
  • Douleur accentuée par la montée des escaliers ou la position sur la pointe des pieds.
  • Dans les cas graves, perte de force ou incapacité à fléchir le pied.
Diagnostic

Le diagnostic repose sur un examen clinique réalisé par un médecin ou un kinésithérapeute. Le professionnel palpe le tendon, recherche une douleur localisée, un épaississement ou un creux (en cas de rupture). Des examens complémentaires peuvent être prescrits :

  • Échographie : permet de visualiser l’état du tendon, la présence d’une inflammation ou d’une rupture partielle.
  • IRM : utile pour évaluer les lésions profondes ou chroniques.
  • Radiographie : pour détecter une épine calcanéenne ou une calcification.
Traitements de la douleur et du gonflement du tendon d’Achille

Le traitement dépend de la cause et de la gravité de la lésion. Dans la majorité des cas, une approche conservatrice suffit.

1. Le repos et la réduction des activités physiques
C’est la première étape essentielle. Il faut éviter les activités qui sollicitent le tendon, comme la course, le saut ou la marche prolongée. Le repos permet de réduire l’inflammation et de prévenir l’aggravation des lésions.

2. L’application de glace
Appliquer de la glace pendant 15 à 20 minutes, plusieurs fois par jour, aide à diminuer la douleur et le gonflement. Il est conseillé d’envelopper la glace dans un linge pour éviter les brûlures cutanées.

3. L’élévation et la compression
Surélever la jambe et utiliser une bande de compression légère peuvent aider à réduire l’œdème.

4. Les anti-inflammatoires
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être prescrits pour soulager la douleur et l’inflammation. Cependant, leur utilisation doit être limitée dans le temps.

5. La kinésithérapie et la rééducation
La rééducation joue un rôle clé dans la guérison. Le kinésithérapeute propose des exercices d’étirement et de renforcement progressif du mollet et du tendon. Les exercices excentriques (contraction lente du muscle pendant qu’il s’allonge) sont particulièrement efficaces pour renforcer le tendon et prévenir les rechutes.

6. Les orthèses et semelles
Des semelles orthopédiques peuvent corriger un déséquilibre postural ou soulager la tension sur le tendon. Des talonnettes peuvent également être utilisées pour réduire la traction sur le tendon.

7. Les ondes de choc et la thérapie laser
Ces techniques stimulent la régénération des tissus et améliorent la circulation sanguine locale. Elles sont souvent utilisées dans les tendinopathies chroniques.

8. Les infiltrations
Dans certains cas, une infiltration de corticoïdes ou de plasma riche en plaquettes (PRP) peut être envisagée pour réduire l’inflammation et favoriser la cicatrisation.

9. La chirurgie
Elle est réservée aux cas graves, notamment en cas de rupture complète du tendon ou d’échec du traitement conservateur. L’intervention consiste à suturer le tendon ou à retirer les tissus endommagés.

Prévention de la douleur et du gonflement du tendon d’Achille

Prévenir les blessures du tendon d’Achille repose sur quelques principes simples :

  • Échauffement progressif avant toute activité physique.
  • Étirements réguliers des mollets et du tendon après l’effort.
  • Port de chaussures adaptées avec un bon amorti et un soutien du talon.
  • Augmentation progressive de l’intensité des entraînements pour éviter les surcharges.
  • Renforcement musculaire des mollets et des muscles stabilisateurs de la cheville.
  • Hydratation et alimentation équilibrée pour maintenir la souplesse des tissus.
Complications possibles

Une tendinopathie d’Achille non traitée peut évoluer vers une rupture partielle ou complète du tendon. Les douleurs chroniques peuvent également entraîner une perte de mobilité et une gêne permanente à la marche. Dans certains cas, des calcifications peuvent se former, rendant le tendon plus rigide et douloureux.

Quand consulter un médecin

Il est important de consulter un professionnel de santé dans les situations suivantes :

  • Douleur intense ou soudaine à l’arrière de la cheville.
  • Gonflement important ou rougeur persistante.
  • Difficulté à marcher ou à se mettre sur la pointe des pieds.
  • Absence d’amélioration après quelques jours de repos.
    Un diagnostic précoce permet d’éviter les complications et d’adapter le traitement.
Rééducation et reprise des activités

La reprise des activités physiques doit être progressive. Après une période de repos, il est recommandé de commencer par des exercices doux, comme la marche ou le vélo, avant de reprendre la course. Le renforcement musculaire et les étirements doivent être intégrés à la routine d’entraînement pour prévenir les rechutes.

Approches complémentaires

Certaines approches naturelles peuvent compléter le traitement médical :

  • Massages doux avec des huiles essentielles anti-inflammatoires (arnica, gaulthérie).
  • Cryothérapie pour réduire la douleur et stimuler la récupération.
  • Alimentation riche en oméga-3 et antioxydants pour favoriser la régénération des tissus.
Pronostic et évolution

Avec un traitement adapté, la majorité des tendinopathies d’Achille guérissent en quelques semaines à quelques mois. Cependant, la patience est essentielle : une reprise trop rapide des activités peut entraîner une rechute. En cas de rupture, la récupération complète peut nécessiter plusieurs mois de rééducation.

Conclusion

La douleur et le gonflement autour du tendon d’Achille à l’arrière de la cheville sont des symptômes fréquents mais souvent négligés. Ils traduisent une souffrance du tendon liée à une surutilisation, une inflammation ou une blessure. Une prise en charge rapide et adaptée permet d’éviter les complications et de retrouver une mobilité normale. Repos, glace, kinésithérapie et prévention sont les piliers du traitement. En écoutant les signaux du corps et en adoptant de bonnes habitudes, il est possible de préserver la santé du tendon d’Achille et de continuer à bouger sans douleur.

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